Les César 2025 : une cérémonie élitiste déconnectée du public ?

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Au lieu de célébrer le cinéma, les César 2025 ont surtout illustré la fracture entre une élite déconnectée et le public. Discours interminables, militantisme omniprésent et contradictions flagrantes ont transformé la soirée en un exercice d’autocélébration, loin du rêve et du divertissement attendus.

Chaque année, la cérémonie des César est présentée comme le sommet du cinéma français. Pourtant, l'édition 2025 n'a pas échappé à une tradition devenue lassante : des discours interminables, une bien-pensance omniprésente et une condescendance évidente envers ceux qui ne partagent pas l'entre-soi intellectuel de l'industrie cinématographique. La soirée a enchaîné les prises de parole où l'on rivalisait d'érudition, comme si l’objectif était d’étaler son savoir plutôt que de célébrer le cinéma. Les lauréats, dans leur quête de reconnaissance mutuelle, ont multiplié les références obscures, mettant à distance le grand public. Cette fracture apparaît encore plus flagrante lorsque ces mêmes figures dénoncent les "milliardaires" et le gouvernement, sans jamais remettre en question leurs propres privilèges. Pourtant, la cérémonie est diffusée en exclusivité sur Canal+, chaîne détenue par le groupe Vivendi, lui-même dirigé par certaines des plus grandes fortunes françaises. Difficile de ne pas voir l’ironie de la situation. Des artistes millionnaires qui dénoncent les élites, tout en profitant d'un système dont ils sont les premiers bénéficiaires.

En pleine cérémonie des César, le réalisateur Jonathan Glazer (via David Grumbach) a osé comparer la guerre légitime contre le Hamas à la Shoah. Comme le dit si bien Simon Moos, dans un poste sur X (ancien Twitter) : “Honte absolue à tous ceux qui, à ces mots, ont jubilé. Honte à ceux qui sont restés silencieux.” Une comparaison indécente, révélatrice d’un aveuglement idéologique et d’un cynisme de la part d’une élite toujours prompte à distribuer des leçons mais incapable d’affronter la réalité.
Ceux qui prétendent défendre les opprimés se complaisent en réalité dans une bulle élitiste, à mille lieues des préoccupations du quotidien. Le cinéma a toujours eu cette capacité unique de faire rêver, de transporter ailleurs, d’offrir une échappatoire. Pourtant, cette mission semble aujourd’hui reléguée au second plan, écrasée par des postures politiques qui prennent le pas sur l’émotion et le spectacle.

Il fut un temps où les César savaient simplement célébrer le septième art. On se souvient encore des éditions où le plaisir, l’humour et l’élégance primaient sur l’idéologie. Les discours étaient spontanés, sincères, et les films récompensés n’étaient pas choisis pour leur engagement mais pour leur capacité à captiver, émouvoir, émerveiller. Aujourd’hui, chaque remise de prix semble devenir une tribune politique, un moment de militantisme obligatoire, où il faut afficher son camp, envoyer un message, adopter le bon discours. Et pendant ce temps, les spectateurs désertent, lassés par une cérémonie qui ne s’adresse plus qu’à une élite convaincue de sa supériorité morale.

Heureusement, certains artistes parviennent encore à casser cette monotonie. Franck Dubosc ou Alain Chabat par exemple, ont insufflé une touche d’humour et de légèreté, comme pour rappeler que le cinéma doit aussi être un espace de divertissement. Leur présence a été une bouffée d'air frais dans une soirée autrement étouffante. Si le cinéma français veut rester vivant et toucher le plus grand nombre, il devra trouver un équilibre entre l’engagement et le divertissement. Les César doivent redevenir un véritable moment de célébration du septième art, accessible et fédérateur, sans se perdre dans des postures qui éloignent une grande partie du public.

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